Velež Mostar – fudbal koji se ne zaboravlja

Na stranici www.footnostalgie.com objavljen je tekst o Veležu iz Mostara i njegovim igrama za nezaborav na stadionu pod Bijelim Brijegom, širom Evrope i svijeta, o njegovim asovima, koji su pronosili slavu Veleža, Mostara i naše zemlje širom svijeta. Tekst je na francuskom.
.
.
.
Velež Mostar, pour que le football nous empèche de perdre la mémoire

 

Sa stranice:  www.footnostalgie.com

 

Écrit par doctor avalanche   

22-05-2007

 

Pierre Lanfranchi nous offre le portrait d'un club avec une histoire atypique dans une ville atypique , un récit qui élargira vos horizons parce que le football est bien plus que que 22 joueurs en short courant après un ballon …

Mostar, capitale de l’Herzégovine (et oui l’Herzégovine existe !), Mostar ville de passage, Mostar ville de rupture et Mostar ville martyre. Mostar dans le football, c’est le FK Velež qui peut être perçu comme l’un des symboles de la ville du Titisme à l’ère de la partition éthnique.
Un guide touristique anglais de 1987 nous présente la ville: “L’influence turque y est encore très présente. Les mosquées et les souks lui donnent une saveur exotique. Mais, seule la vieille ville mérite une vistite, la ville nouvelle est une horreur de béton.”[2].
Aucune ville européenne, pas même Avignon, n’est autant liée à un pont qui en relie les deux parties.
Mostar cela signifie “Vieux pont” (stari vieux et Most pont).

Construit en 1566 sur ordre du sultan, le pont qui traverse le fleuve Neretva à Mostar est depuis longtemps considéré comme un symbole de passage entre les cultures et les peuples.[3] A l’Ouest, vers la mer Adriatique et le monde latin et à l’Est vers Sarajevo et le monde Slave et Oriental. La position géographique de Mostar n’est pas des plus favorables, encerclée par des montagnes et, bien que distante de moins de 100 km de la mer, son climat y est rude l’hiver et très chaud l’été.

La ville est une exception dans la region de l’Herzégovine, une sorte d’enclave multi-culturelle. Si elle n’est qu’à une vingtaine de kilometres de Široki Brijeg, la patrie d’Ante Pavelić chef des sanguinaires Oustachis qui sont surtout connus en France pour avoir assassiné à Marseille le roi de Yougoslavie Alexandre dans les années 30, mais qui durant la seconde guerre mondiale ont fait reigner sur la Croatie (et Mostar annexée alors au territoire dirigé par Pavelić avec l’aval de Mussolini et Hitler), la ville compte une population mixte alors que les campagnes qui l’entourent sont “éthniquement” beaucoup moins mélangées.

Dans cette ville moyenne, le football met du temps à s’implanter. Avant la seconde guerre mondiale, il ne joue pas un très grand rôle. Le club des croates de la ville Zrinjski est le plus ancien, créé en 1906. Il n’a jamais connu de résultats de hauts niveaux. Le football est alors dominé par les clubs de Split (Hajduk), Zagreb (HASK, Gradjanski et Concordija), Belgrade (BSK) et même Sarajevo (Slavija). Depuis 1922, un autre club, multi-éthnique, est venu s’installer dans le coeur des habitants de Mostar et a permis au football de se développer, ses créateurs lui ont donné le nom d’une des montagnes à l’est de la ville, Velež.

Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, le gouvernement de Tito décide, dans le football comme dans le reste de la société de bannir les symboles du régime des oustachis. Les clubs de football qui ont participés aux championnats de 1942 à 1944 sont ainsi interdits.

Zrinjski club activiste croate est dissous, (tout comme Gradjanski, HASK et Concordija Zagreb) remplacés par Dinamo et Velež repart en troisième division. L’équipe au maillot rouge a comme symbole une étoile rouge bien en rapport avec le gouvernement de l’époque. Mais, elle est encore quantité négligeable dans un football yougoslave qui commence à s’affirmer au niveau international en éliminant la France de la Coupe du Monde 1950 au Brésil.

L’ascencion de l’équipe de Mostar est fulgurante. En 1951 elle accède à la seconde division fédérale, et c’est en 1952 que Velež est promu pour première fois au sein de l’élite du football yougoslave. Son equipe est composée presque exclusivement de joueurs locaux provenant des différents groupes éthnique de la ville. Les vedettes sont le gardien de but Barbarić, d’ailleurs Velež va développer une longue tradition d’excellents gardiens (mais nous reviendrons là-dessus) et deux jeunes attaquants qui s’affirment et joueuront un grand rôle dans le futur du club: Sulejman Rebac et Muhamed Mujić.

L’expérience est peu concluante puisque le club est relegué au bout d’une seule saison, mais la sauce à pris. Le public vient nombreux et fait que Velež rassemble toute la population de la ville. Champion de seconde division en 1955, Velež qui continue de s’appuyer sur les produits du cru ne connaitra alors plus jamais la relégation jusqu’à la fin de l’ère yougoslave, soit 37 saisons consécutives avec un effectif composé en grande partie de joueurs locaux ou des environs. Son style de jeu, sa capacité à réveler de jeunes talents, sa singularité dans un football dominé par la bande des quatre (Etoile Rouge, Partizan, Dinamo et Hajduk) en ont fait un club à part. Ses vicissitudes depuis 1992 rendent son histoire encore plus mélancolique.

Velež: une anomalie dans le football yougoslave.
En novembre 1958, Velež est finaliste de la Coupe du Maréchal Tito, battu à plate couture par l’Etoile Rouge de Belgrade: 4-0. Mais Mujić joue en équipe nationale avant d’être le premier joueur du club à s’expatrier pour passer un peu plus d’une saison aux Girondins de Bordeaux (1962-63), lorsque Tito, en collisition depuis longtemps avec les soviétiques décide d’autoriser ses footballeurs à exercer leurs talents à l’étranger.

L’équipe de Mostar est un club de milieu de tableau qui forme de bons jeunes et propose un football offensive et agréable à voir. Velež est d’abord une école de gardiens de but. A Barbarić, succède Gordan Irović qui jouera en équipe nationale et un très jeune espoir, né à Mostar en 1944, Ivan Čurković qui débute à 17 ans en 1961. Bientôt, il quittera Mostar pour rejoinder Partizan et
connaitra la notoriété à Saint-Etienne. D’ailleurs, son remplaçant à Saint-Etienne, Esad Dugalić, a lui aussi été formé au Velež. Mais, le plus grand gardien de l’histoire du club, Enver Marić, débute un peu plus tard en 1967. Il jouera dans son club jusqu’en 1985, plus de 400 matches de première division et participera à la Coupe du Monde 1974 en Allemagne. Tous les trois sont nés à Mostar, et d’autres gardiens de première division comme Horvatić (Maribor), les frères Mrgan (originaires de Capljina toute proche), Slavko Njegus ou Velimir Pudar ont aussi débuté au Velež qui, comme les clubs basques, a pris l’habitude fournir de nombreuses équipes du pays avec ses jeunes gardiens.

Mais le club forme surtout des attaquants et des joueurs offensifs. Lorsque Rebac, l’une des vedettes des années 1950 devient entraineur en 1967, il lance de nombreux jeunes joueurs qui deviendront les vedettes du club: Dusan Bajević, Franjo Vladić, Mehmet Glavović (que Velež et la FSJ – federation yougoslave de football – réussiront à transférer au Munich 1860 en 1976 en le faisant passer pour un joueur de 28 ans alors qu’il est né en … 1945). En attaque, débute Salem Halilhodzić (le grand frère) et au milieu de terrain ou à l’aile droite Jadranko Topić dont nous reparlerons plus tard. Dans cette jeune équipe, il y a des serbes (Bajević, Ristić, plus tôt Čurković), des croates (Vladić, Topić, Kvesić) et des Bosniaques (Marić, , Hadziabdić) qui reflètent le caractère multi- éthnique de la ville.

Rebac forme son groupe et garde ses joueurs. Depuis le milieu des années soixante l’exode des meilleurs footballeurs est le principal problème du football yougoslave. Mais les joueurs de Velež sont jeunes et le gouvernement titiste a mis une clause restrictive à leur transfert: avoir atteint l’âge de 28 ans.[4] Le groupe reste le même et se crée des automatismes, le club est assez fort pour repousser les offres des quatre grands et garder son effectif. Les résultats sont là et le public aussi. Il est tellement nombreux qu’un nouveau stade est construit en 1971 dans la banlieue ouest de la ville, la ville nouvelle déconseillée aux touristes, le “Bijeli Brijeg” est le second stade de Bosnie par sa capacité, 25.000 places et il fait souvent le plein.

En 1972, l’équipe, dans son nouveau stade, finit sixième mais possède la meilleure attaque du championnat. Bajević marque 16 buts et joue (tout comme Marić) avec l’équipe nationale, la “mini Coupe du Monde” au Brésil où son entente avec Dragan Džajić fait merveille. En 1973, avec une formation pratiquement identique à l’année précédente, Velež finit deuxième du championnat à six points de l’intouchable Crvena Zvezda, l’Etoile Rouge de Belgrade. Cette équipe est restée célèbre en Yougoslavie sous le nom de BMV (Bajević, Marić, Vladić), les trois symboles de l’équipe. Ces trois joueurs sont nés à Mostar dans les trois grandes communautés (serbe, bosniaque et croate) et ont uni leurs efforts pour faire de la petite équipe d’Herzégovine une anomalie dans un football yougoslave dominé par les puissants et les proches du pouvoir. La BMW est aussi dans ces années 1970 le signe extérieur de la réussite pour les très nombreux immigrés yougoslaves en Allemagne – les 780.000 Gastarbeiter de 1970 – , qui l’été venu rentrent au pays en exhibant leur magnifique BMW symbole suprême du succés et de la mécanique sans faille made in Germany.[5]

La saison 1973-74 sera sans doute la meilleure dans l’histoire du club. Deux jeunes joueurs, Boro Primorac et Vahid Halilhodžić sont venus s’ajouter au groupe de Velež qui vient maintenant taquiner les favoris et lutter pour le titre. La lutte sera serrée jusqu’à la dernière journée et c’est finalement à la difference de buts qu’Hajduk Split sera sacré champion à la fin de la saison.

Mais ce titre de champion 1974, pourquoi Velež l’a t’il perdu? La revue bosniaque Dani dans son dernier numéro 1999 écrivait: “Le football est la métaphore de l’ancienne Yougoslavie. En 1973-74, tous les pouvoirs politiques se sont coalisés pour que le titre n’aille pas à Mostar. Jamais du coté de Sarajevo on n’a vu d’un bon oeil les succés des villes bosniaques de province “.[6]
Le rêve est passé, jamais Velež ne sera champion de Yougoslavie. Mais, c’est en Europe en 1974-75 que le club va se distinguer atteignant les quarts de finale de la Coupe de l’UEFA, battu par les Hollandais de Twente Enschede. Il remporte son premier succès avec la Coupe de Yougoslavie. Bientôt, les meilleurs joueurs s’espatrient et remplissent les caisses du club. Bajević et Vladić vont à l’AEK d’Athènes, Topić aux Cosmos de New York, Marić à Schalke 04. Mais la relève est là, Blaz Slišković anime le milieu de terrain et Vahid Halilhodžić l’attaque. Seul Primorac a quitté le club pour rejoindre Hajduk. L’arrivée de Milos Milutinović comme entraineur coincide avec la seconde victoire en Coupe de Yougoslavie en 1981 grâce surtout à un Halilhodžić au sommet de sa forme à la veille de son départ pour Nantes.

Mais, cette victoire de 1981 marque le chant du cygne pour Velež mais aussi pour la Yougoslavie. A la mort de Tito, la situation économique du pays est désastreuse et les luttes de succession et le désenchantement politique attisent les mécontentements. Le modèle d’auto-gestion yougoslave bat de l’aile. Les besoins croissants de liquidités de la part des grands clubs les incitent à puiser dans un marché national jusque-là limité aux joueurs de deuxième division. Velež n’est plus en mesure de garder ses meilleurs joueurs. Slisković est trasféré pour une somme dérisoire à Hajduk alors qu’il n’a que 23 ans. Avec l’ouverture de marches alternatifs (Sud-Américain, Polonais, Africain) les grands clubs allemands et français boudent les joueurs de Mostar. De 1984 à 1989, Velez, qui doit transférer tous ses joueurs de plus de 28 ans pour continuer à vivre, ne trouve de meilleurs acquéreurs que des seconds couteaux. Ce ne sont pas les transferts payés par des clubs de seconde division allemande comme Nuremberg pour Kajtaz ou Oberhausen pour Krstičević, des clubs modestes en Grèce et en Turquie: Eskisehirspor (Banović), Bursaspor (Bijedić), Kalamaria Salonique (Skočajić) qui vont améliorer la situation économique. Evidemment les caisses du club s’en ressentent autant que les politqiues de formation à long terme. Velež ne peut plus jouer dans la cour des grands et se contente de former des jeunes pour les voir partir.

Le public se fait plus rare, crise économique et résultats moyens aidant, au Bijeli Brijeg. Mais le club reste l’un des points de repère forts dans la ville. D’ailleurs Mostar est l’une rares villes “monosportive” de Yougoslavie. Le basket-ball et le handball n’y ont guère de prise.

1] Je remercie Zoran Mrdjenović pour ses commentaires et son aide précieuse tant dans la recherche des documents que pour sa patience et et sa passion communicative pour un club pas comme les les autres.

[2] Katie Wood, George McDonald, HolidayYugoslavia, London: Fontana, 1987, p. 261.

[3] Le vieux pont qui s’èleve à 23 mètres au dessous du fleuve Neretva est aussi traditionnellement le lieu d’où plongent les jeunes garçons comme rituel de passage: une sensation forte

[4] Pour la question des transferts de joueurs yougoslaves à l’étranger P. Lanfranchi, M. Taylor, Moving with the Ball. The migration of professional footballers, Oxford: Berg, 2001, pp. 111-139.

[5] Harold Lydall, Yugoslav Socialism: Theory and Practice, Oxford: Oxford University Press, 1984, p. 160

[6] Miljenko Jergović, “Zlatne Titove godine”, Dani (135), 31 décembre 1999.

 

 

Dernière mise à jour : ( 01-06-2007 )

Komentariši